Mastiquer et saliver, plus important qu’on le pense!

Depuis plus de 5500 ans, les chevaux ont évolué aux côtés des humains qui les ont génétiquement sélectionnés pour leur force, leur vitesse, leur apparence ou leur tempérament. Cette sélection a mené à l’apparition de nombreuses races aux morphologies variées. Pourtant, malgré ces changements, la physiologie digestive des chevaux, elle, n’a pas été modifiée. Leur système digestif est toujours adapté à une alimentation riche en fourrages, ingérés de manière régulière et continue pour maintenir la santé du microbiote intestinal, l’équilibre du pH gastrique et une production stable en énergie.

L’introduction des concentrés et des céréales à l’alimentation des chevaux domestiques a facilité la gestion de leur alimentation pour les humains, mais une ration trop riche en amidon ou fractionnée en gros repas espacés de plusieurs heures augmente les risques de problèmes digestifs et dentaires.

Comprendre ces fondements est essentiel pour concevoir une stratégie alimentaire qui protège la santé digestive, respecte les besoins naturels de mastication et favorise le bien-être du cheval tout en soutenant ses activités quotidiennes.

Pourquoi le fourrages est important pour la santé du cheval

Explorons comment leurs organes digèrent et pourquoi un apport constant en fourrages demeure un élément clé pour un cheval en santé.

Les dents

Les dents du cheval poussent continuellement. Cette particularité vient de son évolution comme animal brouteur, passant en moyenne 16 heures par jour à s’alimenter lorsqu’en liberté. Un accès constant au foin prévient l’usure inégale et la pousse excessive, tout en favorisant une dentition plus saine au fil du temps.

Les glandes salivaires

Les glandes salivaires s’activent lors de la mastication des fibres. La salive contient des enzymes digestives, des électrolytes et des agents antimicrobiens. Elle joue aussi le rôle d’un tampon contre l’acidité gastrique, notamment grâce au bicarbonate. Les fourrages exigent un long temps de mastication. Par exemple, un cheval d’environ 500 kg mastiquera 36 à 60 minutes pour chaque kg de foin comparativement à 10 minutes de mastication pour chaque kg de grains. Moins de mastication signifie moins de salive… et moins de protection de l’estomac face à son acidité naturelle.

L’estomac

L’estomac du cheval est rigide et peu extensible contrairement à celui des humains ou tout autre omnivores. Il assure une prédigestion chimique, puis se vide dans l’intestin grêle lorsqu’il atteint sa pleine capacité correspondant à environ 12 litres. Comme le cheval a évolué pour manger de petites quantités très souvent, un estomac volumineux n’a jamais été nécessaire. Les gros repas contenant des concentrés ou des céréales, surtout riches en amidon, provoquent un vidage prématuré, réduisent l’efficacité digestive et augmentent le risque d’ulcères gastriques et de coliques.

Le gros intestin

Après l’intestin grêle, les fibres arrivent dans le cæcum et le gros intestin, où des milliards de bactéries du microbiote les fermentent lentement et efficacement. Cette fermentation de la cellulose et de l’hémicellulose génère des acides gras volatils, une source d’énergie stable et durable, mieux adaptée à sa physiologie qu’une énergie issue de pics glycémiques provenant des concentrés ou des céréales.

Respecter la nature du cheval : la clé d’une alimentation durable

Même transformé par la domestication, le cheval reste un expert biologique du broutage lent et fréquent. Son corps est optimisé pour la fibre : il use ses dents naturellement, produit une salive protectrice contre l’acidité et tire son énergie stable de la fermentation bactérienne dans le côlon. Quand les repas s’éloignent trop de ce modèle, soit trop d’amidon, trop gros, ou trop espacés, la santé digestive et dentaire s’en ressent. Nourrir avec du fourrage en continu, ajusté au troupeau et aux réalités humaines, n’est donc pas une contrainte, mais une stratégie durable, logique et bénéfique qui respecte à la fois la physiologie du cheval et l’efficacité du quotidien en milieu équin.