Dans le cours de gestion d’entreprise, donné dans le cadre du programme Gestion et technologies d’entreprise agricole (GTEA), les étudiants de l’ITAQ travaillent sur des scénarios fictifs, inspirés de situations vécues dans les fermes d’aujourd’hui. Ils doivent se mettre dans la peau d’un gestionnaire et utiliser les outils appris pour mieux comprendre les enjeux financiers, humains et techniques d’une décision. Ils réalisent ces apprentissages à travers différents exercices et travaux pratiques. Voici deux exemples de questions clés abordées en classe.
Mon projet d’investissement est-il rentable?
Avant de se lancer dans l’achat d’un équipement, un agrandissement ou un changement de pratique, il est essentiel de se demander si cet investissement est rentable dans un délai raisonnable pour l’entreprise, qu’il soit financé, subventionné ou autofinancé.
Dans le cadre de leur formation, les étudiants apprennent à :
- réaliser un plan d’affaires;
- réaliser un budget prévisionnel et
- un budget partiel.
À l’aide de ces outils, les étudiants du profil Grandes cultures se sont demandé s’il serait plus avantageux, pour la récolte du maïs-grain, d’acheter une batteuse usagée plutôt que de continuer à faire appel à un service à forfait. Ils ont ainsi réalisé un budget partiel leur permettant de comparer les impacts financiers des deux options. Ils ont calculé les économies potentielles, ainsi que les coûts supplémentaires (entretien, carburant, main-d’œuvre). Ils ont aussi calculé si l’achat générerait un gain et en combien d’années cet investissement serait rentabilisé. Cela leur a permis de vérifier si le délai de récupération concordait avec la durée de vie de l’équipement et la vision de développement de l’entreprise.
Quelle est la santé financière de mon entreprise?
Ensuite, avant d’effectuer cet investissement d’envergure, quoique potentiellement rentable, il est crucial d’évaluer la solidité financière de l’entreprise et vérifier si elle a les moyens de ses ambitions.
Toujours dans le cadre du programme et du cours, les étudiants apprennent à :
- analyser et interpréter des états financiers;
- calculer des ratios financiers (liquidité, endettement, rentabilité);
- réaliser une analyse de sensibilité (ex. : variations du prix de vente ou des taux d’intérêt).
Donc, de façon concrète, les étudiants du profil Laitier se sont interrogés sur la faisabilité d’un important projet de modernisation aux normes de bien-être d’un complexe laitier (stabulation libre avec robotique). Pour cela, ils ont dû évaluer la santé financière de leur entreprise. Après analyse, ils ont pu déterminer si les liquidités disponibles étaient suffisantes pour faire face aux imprévus, en calculant notamment le ratio du fonds de roulement et le solde résiduel. Ils ont aussi examiné si le niveau d’endettement restait raisonnable, à l’aide du pourcentage d’avoir du propriétaire et de la durée pondérée des emprunts. Ensuite, ils ont évalué leur capacité à contracter un nouveau prêt, en analysant la capacité de remboursement de l’entreprise. L’analyse de sensibilité leur a permis de mesurer la vulnérabilité de l’entreprise face aux variations du prix du lait ou à une hausse des taux d’intérêt. Enfin, ils ont examiné leur marge de manœuvre sur le plan des ressources humaines, en vérifiant s’ils pouvaient embaucher ou augmenter les salaires, en fonction des taux horaires et des charges sociales.
Ces exercices pédagogiques, réalisés en classe avec un accompagnement pas à pas, permettent aux étudiants de développer une rigueur essentielle. Ils ne se contentent pas d’apprendre des notions abstraites : ils les appliquent à des contextes crédibles, qu’ils pourraient retrouver dans leur propre ferme un jour. C’est cette capacité à réfléchir, à simuler et à anticiper qui fera la différence dans leurs décisions futures. Car bien gérer, c’est d’abord bien penser.
*Cet article est paru dans La Terre de chez nous du 30 mai 2025

Émilie Rivard, agr., et Alexandra Chalifoux, agr., Enseignantes en GTEA, ITAQ, campus de Saint-Hyacinthe